Les 8 membres du Yoga
Qu’est-ce que le Yoga ? Vaste question qui appelle souvent de nombreuses réponses…
En voici une : aller à la rencontre de son Etre, de son Ame. Quitter le chemin de l’éparpillement pour tout ramener au Centre, au Coeur.
L’idée est belle, mais comment y parvenir ? Patanjali, dans le livre II des Yoga-Sutra nous propose plusieurs techniques. On appelle ces techniques les 8 membres du Yoga ou Astanga Yoga (à ne pas confondre avec l’Ashtanga Vinyasa Yoga qui est un style de yoga développé par Pattabi Jois). Je vous propose de les passer en revue.
Les Yamas, la discipline relationnelle
Le Yoga s’intéresse ici à nos relations avec les autres, avec le monde extérieur, et comment développer des relations apaisées avec ce qui nous entoure.
Patanjali s’appuie sur 5 principes :
Ahimsa, la non-violence, le non jugement. C’est l’idée de respecter l’autre dans sa différence, accepter un mode de pensée différent et ainsi développer un sentiment de bienveillance et de fraternité envers tous les êtres. Ce principe de non-violence est primordial, car il conditionne tous les autres.
Satya, la vérité, la sincérité. Quand nos paroles et nos actions sont « vraies » alors l’autre peut répondre à cette vérité par une attitude « vraie », permettant ainsi le développement d’une relation harmonieuse. D’où l’importance de faire attention aux mots que l’on prononce.
Asteya, la non-convoitise. Ne pas prendre, ne pas voler, ne pas désirer ce dont on n’a pas besoin que ce soit des biens matériels, des idées, du temps. Accepter de lâcher…
Bramacarya, la modération. Au service de quoi je décide de mettre mon énergie, en évitant les excès, les extrêmes ?
Aparigraha, la sobriété. Se libérer des choses inutiles pour se libérer de la peur de manquer et favoriser l’introspection.
Les Niyamas, la discipline personnelle
Le Yoga nous propose des règles de vie pour apprendre à mieux se connaître, à agir en conscience et être en paix avec ce que l’on vit.
A nouveau, Patanjali préconise 5 préceptes :
Sauca, la pureté. Notre corps est le réceptacle de notre Conscience, il faut donc en prendre soin et le purifier pour pouvoir au final s’en détacher. De même pour le mental, en cultivant des intentions pures, altruistes, on se détache de l’Ego.
Samtosa, le contentement. Se rapprocher de notre Témoin intérieur, stable et permanent, pour pouvoir accueillir et accepter tous les événements de la vie, heureux et malheureux. Chercher notre bonheur à l’intérieur et non à l’extérieur de nous-même. Vivre dans l’instant présent.
Tapas, la discipline, la transformation par l’effort. Littéralement, Tapas veut dire la chaleur qui brûle pour détruire les impuretés. Il s’agit donc de nous débarrasser de tout ce qui nous encombre dans notre corps et notre esprit. Cela est possible uniquement si l’on pratique assidument, si l’on accepte de fournir un effort pour dompter notre Mental.
Svadhyaya, l’étude de soi. Apprendre à travers les livres, comprendre comment on fonctionne, développer une clarté intérieure pour atteindre la sagesse.
Isvara Pranidhana, l’abandon au Divin. Accepter qu’il existe une force plus grande que soi et s’en remettre à elle dans une attitude d’abandon et de gratitude quelque soit les résultats.
Les Asanas, la discipline corporelle
On constate ici que la pratique des asanas n’est qu’une (petite) partie de ce qu’est le Yoga dans sa globalité. Le but de la pratique est de préparer le corps à la posture assise de méditation, faire en sorte que le corps puisse être stable et confortable dans cette attitude pendant un temps long, pour ainsi libérer le mental de la contrainte physique.
Les Pranayama, la discipline du souffle
Selon Patanjali, le Pranayama c’est expérimenter l’arrêt de la respiration automatique, non-consciente et perturbée. Si le souffle est perturbé, le Mental sera agité. Le terme Pranayama se décompose en Prana = l’énergie vitale et Ayama = la suppression des obstacles. Le but du Pranayama est donc de purifier le corps de ses impuretés (les Kleshas) qui sont source de souffrance. C’est aussi un moyen de préparer le mental à aller vers la méditation. Il existe de nombreuses techniques de Pranayama que nous développerons dans un autre article 😉
Pratyahara, la discipline des sens
Ai-je le contrôle de mes sens (l’ouïe, la vue, le toucher, l’odorat, le goût), ou me contrôlent-ils ? Lorsque que nos sens prennent le dessus nous sommes moins à même de demeurer dans l’instant présent. Patanjali nous invite ici à pratiquer le « retrait des sens » afin de les diriger non plus vers l’extérieur, mais vers l’intérieur. Ainsi, les sens se mettent au service du mental et ne sont plus source de distraction : quand nous sommes focalisés sur un objet, tout ce qui se passe autour de nous n’existe plus.
Les 3 derniers membres sont développés dans le livre III des Yoga-Sutras. En effet, il ne s’agit pas de pratiques à proprement parlé car on ne peut pas décider de les pratiquer. On peut simplement créer les conditions favorables pour les faire émerger et les expérimenter.
Dharana, la discipline du mental
C’est la première étape vers l’état de méditation. L’esprit s’oriente vers un seul objet sur lequel il va se concentrer. On entend par « objet », un objet physique mais aussi une idée, un concept, une image, un mantra, etc.
Dhyana, la discipline de l’esprit
Une fois le mental focalisé sur un objet, il devient pleinement attentif à l’objet et entre en communication avec ce dernier.
Samadhi, l’état d’union
Lorsqu’on devient tellement impliqué par un objet, on finit par fusionner avec ce dernier, on ne fait plus qu’un avec lui, on perd notre identité personnelle. L’esprit n’a plus besoin de penser parce qu’il est clair et qu’il a compris ce qui est.
L’ordre des anga (membres) n’est pas anodin, chaque étape est un pas de plus sur le chemin de la connaissance de Soi, de ce qui est le plus extérieur à ce qui est le plus intérieur.
Finalement pour répondre à notre première question « Qu’est-ce que le Yoga ?», on pourrait simplement dire le Yoga, c’est le Samadhi.🧘
