Le Bhâvana

On ne répétera jamais assez que l’important dans la pratique posturale n’est pas de réaliser la forme parfaite, aboutie, telle qu’on peut la voir dans un livre. Ceci reviendrait à condamner le Yoga à être uniquement réservé aux personnes ayant un corps de gymnaste. Et tous les autres à choisir une autre pratique sportive !

Oui mais le Yoga est bien plus qu’une pratique sportive.

Pourtant on s’est tous un jour dit : “mais si j’adapte la posture, je perds son bénéfice car je perds en intensité…”

Cette idée reçue peut vite être balayée si on cherche plutôt à comprendre la fonction de chaque posture. Si je sais que telle posture a une fonction Purva (étirement antérieur du corps) ou Parivritti (torsion), alors je sais comment l’adapter tout en gardant ses bénéfices. Dès lors que la fonction principale de la posture est maintenue, l’intention qu’on met derrière garde tout son sens, et ce quelque soit le niveau d’adaptation. 

Au-delà de la fonction, on peut également développer une intention, un Bhâvana derrière chaque posture.

Dans la tradition du Yoga on considère que là où va l’intention, va l’énergie. Ainsi, si notre intention est suffisamment forte, alors elle prendra forme dans notre vie, et ce que nous recherchons se produira. C’est assez proche de «  la loi d’attraction », pour ceux qui connaissent cette théorie.

Chaque posture peut alors être classée selon son Bhâvana :

  • le corps, par exemple Renforcer les bras

  • le souffle, par exemple Développer les rétentions poumons pleins

  • les sensations profondes, par exemple Libérer les tensions

  • les facultés psychosensorielles, par exemple Développer l’intuition

En tant que professeur, lorsque l’on construit une séquence de yoga, cette notion de Bhâvana est essentielle pour que la proposition que l’on offre à nos élèves aille au-delà de la simple pratique physique, et serve également un objectif.

Oui mais comment trouver le Bhâvana ?

C’est dans la recherche de ce Bhâvana que la créativité du professeur va  pouvoir s’exprimer

Pour ne pas constamment revenir sur les mêmes intentions, les mêmes objectifs, ce dernier doit développer des qualités d’écoute et d’observation :

  • de soi-même : qu’est-ce qui m’intéresse en ce moment, comment je me sens sur le plan physique ou émotionnel ?

  • de son environnement : comment réagit la nature ?

  • de ses élèves : de quoi ont-ils besoin, qu’expriment-ils ?

En fonction des réponses à ces questions, on peut définir de multiples Bhâvana autour des émotions, du cycle des saisons, des qualités positives, des centres énergétiques, des blocages… exprimés de manière plus ou moins poétiques.

Une fois le Bhâvana défini, on sélectionne la ou les postures qui serviront le mieux l’intention retenue.

Par exemple, si le Bhâvana est « Renforcer la confiance », on pourra choisir la posture du Guerrier (Virabhadrasana) en posture coeur. En effet, cette posture favorise à la fois l’ouverture du haut du corps, l’inspiration, et le renforcement des jambes, l’ancrage et la stabilité.   

Si l’élève qui tient cette posture plusieurs respirations focalise son mental sur les qualités du Guerrier, il pourra alors développer davantage de confiance et de courage pour passer à l’action. Mais on aurait très bien pu choisir une autre posture comme celle de l’Arc (Dhanurasana) qui développe des qualités similaires.

Dès lors, on comprend mieux pourquoi un cours peut être si différent d’un autre : le professeur va puiser dans son expérience et sa sensibilité pour déterminer le Bhâvana et les postures qui le servent. Alors n’hésitez pas à tester plusieurs cours et plusieurs professeurs pour trouver celui qui vous correspond le plus dans la recherche de ce qui est votre potentiel.

D’après © Sadhana Life Center

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